Il-etait-une-fois-Eternite

Journal d'une petite PS et de sacavalière

Samedi 21 décembre 2013 à 22:07

Aujourd'hui, j'ai quelques minutes, voire beaucoup, pour essayer de pondre un article sur un sujet qui me turlupine. Oui oui, on va parler d'enrênements. Ce n'est pas la première ni la dernière fois que je blablaterai la dessus, et pour le coup, on va commencer par un véritable fléau à mes yeux: les rênes allemandes. 

On les voit partout, du cheval qu'on veut maitriser parce que trop chaud, au cheval qu'on veut placer parce qu'il se creuse le dos, aux cavaliers stupides (pardonnez moi le mot, je n'en vois pas d'autres) qui se soucient peu du fond mais beaucoup des apparences et collent des RAs à dadou d'amour pour qu'il ait l'air de travailler comme il faut. Et je dis bien "qu'il ait l'air", parce que cet enrênement ne fait en AUCUN CAS travailler le cheval dans le bon sens. Mais avant d'en venir aux conclusions, comment fonctionnent réellement les RAs? Quels sont leur mécanique et leurs effets?

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Les RAs ont un effet abaisseur. Cet effet s'exerce sur les barres, zones très sensibles chez le cheval, en décuplant l'action de la main du cavalier à cet endroit. Par conséquent, une main même légère en devient dure. L'action même de l'enrênement est douloureuse, et le cheval vient céder non par décontraction, mais par douleur. Premier point qui devrait faire réfléchir, on n'obtient rien de bon dans la contrainte, mais dans la coopération. Sur le schéma, la flèche montre le sens d'action de l'enrênement. Les RAs sont utilisées parfois pour faire comprendre au cheval comment venir se tendre (oui oui). Or il suffit de réfléchir au sens de l'action pour comprendre que le cheval ne peut venir se tendre avec des rênes allemandes. 
Un cheval qui se tend vers l'avant fait travailler son dos, qui au passage ne se muscle pas. Il se tend, et en se tendant, travaille sans contraction douloureuse et permet au cheval de venir chercher l'engagement sous sa masse et la fameuse descente d'encolure si recherchée par nombre de cavalier. Mais revenons à l'action des RAs. Lorsque le cavalier actionne l'enrênement, même légérement, le cheval craignant la douleur va descendre oui, mais pas vers l'avant. L'action s'exerce entièrement vers l'arrière, en ramenant le chanfrein vers le poitrail. Le résultat est un cheval avec un chanfrein en dessous de la verticale, la nuque n'étant plus le point le plus haut de l'encolure, les deuxième et troisième cervicale présentant une cassure typique due à l'inclinaison forcée de la nuque. 

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Cassure au niveau des cervicales bien visible (image internet)

Cette action ramenant le cheval vers l'arrière le fait plonger devant, le mettant en plus sur les épaules. Oublié donc le cheval posé sur ses hanches travaillant en équilibre avec les postérieurs venant chercher l'engagement sous la masse et bonjour poney à bascule, qui trébuche et compense comme il peut ce déséquilibre provoqué par son cavalier. Le dos se contracte, voir se surcontracte, créant des contractions douloureuses et empêchant l'arrière main de se mouvoir comme il faut. C'est de ce fait que l'on observe bien souvent chez les chevaux travaillés régulièrement en RAs une altération des allures, particulièrement flagrante au trot ou la diagonalisation de l'allure est impossible.

Sur le long terme donc, et même utilisées lâches comme certains s'en vantent, les RAs, du fait de leur conception et de leur action, ne peuvent permettre un travail vers l'avant, dans le bon sens et bénéfique pour le cheval. Cette idée trop répandue selon laquelle cet enrênement n'est pas à mettre entre toutes les mains lui  procure une sorte de "prestige", le cavalier étant fier de pouvoir les utiliser et pensant que cela lui confère un niveau élevé, a fait des RAs l'un des fléaux de l'équitation d'aujourd'hui. On ne se préoccupe pas de la locomotion, du fonctionnement du cheval, mais uniquement de l'apparente "belle attitude" du cheval "placé" trop souvent confondu avec le cheval encapuchonné.

Alors, pour vos chevaux, et pour vous même qui devrez rattraper les dégâts par la suite, réfléchissez avant de bosser vos chevaux avec ce genre de ficelles. Analysez ce que cet enrênement fait à votre cheval. Cet article ne prétend en rien être bon, il est simplement une petite synthèse de ce que j'ai appris sur ce sujet, en lisant notamment des livres sur la biomécanique du cheval et l'effet des enrênements lorsque j'ai du trouver des solutions pour travailler ma jument. Sur ce, à la prochaine :)

 

Dimanche 22 décembre 2013 à 8:55

Parce que suite à mon article d'hier et à ce que j'ai vu comme réflexion notamment "mais elles ne sont pas tendues mes RAs, elles font pas de mal", et parce qu'Eternité est un parfait exemple de ce que l'on peut faire en très peu de temps comme dégât avec cet enrênement, on va parler cette fois d'un cas concret, le notre.
Voila donc une photo d'Eternité à nos début. Admirez cette encolure totalement à l'envers et cette superbe défense à la main, à se retourner la tête d'une façon franchement dangereuse. Qu'on replace les choses, Eternité a été traumatisée de la main du cavalier bien avant que ej débarque dans sa vie, encore aujourd'hui nous soignons cette vilaine plaie jour après jour. Je précise que sur cette photo, mon unique demande à la base était une transition au trot. La jument ne supportait pas les mains hautes, et lorsque je demandais mains basses, voila ca qui se passait. Eternité ne supportant pas la main, et vu que je manquais de délicatesse moi aussi, on finissait comme ca. Oui, moi aussi ca me ferait vomir.

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Alors, brave petite cavalière tout juste sortie du carcan de l'enseignement d'aujourd'hui, j'ai voulu appliquer ce qu'on m'avait appris. Ma jument embraquait la tronche en l'air a tel point que ca en devenait dangereux. Bon, on va donc mettre les RAs. Elle les aura eu deux fois, 10 minutes à chaque fois. Soit en tout 20 minutes avec des RAs, ajustées le plus souvent comme sur la photo suivante, soit flottantes. Oui oui, comme ca, de cette façon qui selon vous ne peut pas faire de mal. SAUF que même si à ces moments la elles n'étaient pas tendues, a chaque fois qu'elle cherchait à se rouvrir, ce dont elle avait BESOIN parce que son corps n'était pas apte à supporter une mise sur la main sur plus de quelques foulées, elle se faisait mal. En réalité, je lui faisais mal parce que je ne comprenais pas encore quels étaient ses besoins. Fallait la remmetre à l'endroit, m'voyez. Et moi, on ne m'avait appris que ces méthodes la. 

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Oui, sauf qu'avec Eternité, je me rend très vite compte que ca ne marchera pas. Elle se braque, et dès que je lui enlève cet outil de torture, c'est pire. Et en plus, de peur d'avoir mal elle ne lève plus la tête mais s'encapuchonne à mort pour fuir ma main. Je me retrouve donc non plus avec un, mais deux gros problèmes. On arrête de suite l'utilisation de ce caca en ficelle, et qu'à cela ne tienne, je me prendrai des coups de boules, je me ferai embarquée, elle se creusera le dos encore quelques temps, mais plus jamais ca. Il me faudra plus d'un an pour rattraper ma bétise, et je ne me suis toujours pas pardonnée ce que je lui ai imposé. Oui, parce que je me met à lire dans le même temps, je cherche à comprendre ce qu'on ne m'a jamais expliqué, la biomécanique du cheval et les effets de ces aides artificielles.

http://il-etait-une-fois-eternite.cowblog.fr/images/4175841357873432267941113092307n.jpgEternité en 2011, cherchant à fuir l'action de la main pour partir plein cul dans la carrière
J'ai les mains basses, elle ne supportait pas encore qu'on les ai plus hautes
 

Après plusieurs années de travail, sans ficelles à cheval (nous nous aidons parfois qu'un Pessoa à pied, réglé d'une certaine façon, il fera surement lui aussi l'objet d'un article prochainement). Nous avons enfin réussi à nous entendre sur ce que doit être la mai de son cavalier. J'ai affiné mes aides, adoucit ma main et surtout chercher à monter mains plus hautes. Tout est loin d'être encore parfait, elle s'ouvre parfois mais plus rien de comparable avec avant et ne s'encapuchonne plus. L'attitude juste, celle que je recherche, est celle de la photo suivante. Compte tenu de l'action des rênes allemandes expliquée précédemment, il est évident que nous n'aurions jamais pu atteindre cette tenue avec cet enrênement. 

http://il-etait-une-fois-eternite.cowblog.fr/images/DSC0676.jpgEternité en 2013, lors d'une séance de plat

Vous remarquerez, accessoirement, que l'encolure est désormais à l'endroit (YESSSSS) et que mes mains sont plus hautes. Cependant, je pense que nous aurions pu arrivé à ce résultat de façon si ce n'est plus rapide, moins compliquée si je n'avais pas fait l'erreur de croire que les RAs étaient la solution à ce problème de tête en l'air et surtout si j'avais su qu'un cheval ne peut rester sur la main ou du moins vers le bas pendant plusieurs minutes d'affilée qu'après un bon et long travail surtout lorsqu'il a été mis à l'envers comme elle l'avait été. Même si nous nous sommes sorties de ma connerie (la non plus il n'y a pas d'autre mot), il nous aura fallu des années pour compenser 20 minutes avec ce fichu enrênement. Certes, tous les chevaux n'y réagiront pas aussi violemment, mais dites vous bien que dans leur tête, le problème est le même. Sur ce, je ne dirai qu'une chose, patience et laissez les donc s'ouvrir de temps en temps, ils en ont BESOIN. A la prochaine ;)

Dimanche 29 décembre 2013 à 11:29

Retour aux enrênements (comment ca on en est pas encore sorti? Si, ca va venir ;)), pour papoter aujourd'hui sur une autre aide artificielle très utilisée à actuellement, la martingale. Il en existe deux types, la martingale fixe et la martingale à anneau. Les deux seront traitées indépendamment, étant donné qu'elles n'ont pas les mêmes effets. La martingale (fixe ou à anneaux) est principalement utilisée, comme les RAs et le gogue, pour empêcher le cheval de lever trop la tête et de regarder les papillons au lieu de "bien bosser". On passera donc sur ceux qui en mettent une parce que "c'est joli", parce que oui, ca existe. Sur ce, bonne lecture et n'oubliez pas que toute remarque constructive sur cet article est le bienvenu, il ne s'agit que d'une synthèse de mes propres connaissances ;)
La martingale fixe

Commençons par la martingale fixe. On la retrouve beaucoup en polo et en horse ball, mais aussi chez certains cavaliers ne pratiquant pas ces disciplines. Elle est composée de deux courroies, l'une faisant le tour de l'encolure, et l'autre reliant la muserolle à la sangle en traversant la première. Elle a un effet abaisseur, qui s'exerce indirectement que la nuque via une pression sur le chanfrein. Une fois réglé, le cheval ne peut donc lever la tête sans se mettre un coup dans le chanfrein, y compris quand le cavalier est rênes longues puisque l'enrênement ne peut se régler à cheval. En gardant à l'esprit qu'un cheval a besoin de relever la tête lorsqu'il travaille afin de soulager son dos et d'éviter les contractures, on imagine assez bien l'effet d'une séance montée d'une heure voire plus ou il ne peut à aucun moment relever sa tête.

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De plus, le cheval coincé de cette façon développe fréquemment des réactions plus ou moins violentes pouvant aller jusqu'au cabré. Certains chevaux, une fois qu'ils ont compris que la martingale fixe peut leur donner un point d'appui vers le haut, en viennent à s'appuyer constamment sur elle. Or, un cheval qui s'appuie n'est pas un cheval qui travaille, mais un cheval qui fuit ce qu'on lui demande. Si on repense au besoin de lever la tête de temps à autre, impossible avec cet enrênement, il est évident que le cheval va finir par se défendre. En lutte constante contre l'enrênement du fait de ce besoin de soulager son dos, c'est la partie ventrale de l'encolure qui va se muscler, et non la partie dorsale. Adieu l'encolure à l'endroit. De plus, le dos va se creuser. Oublié donc encore une fois le cheval qui travaille sous lui de derrière et s'étend devant, mécaniquement c'est impossible avec une martingale fixe.

 
 
http://il-etait-une-fois-eternite.cowblog.fr/images/polo2.jpgCheval de polo monté régulièrement en martingale fixe, résultat sur l'encolure. 

En somme, la martingale fixe, bien que certains la définissent comme plus douce que les autres enrênements parce qu'elle n'agit pas sur le mors mais sur le chanfrein, est et restera un enrênement sévère et ne pouvant avoir un réel effet bénéfique pour le cheval, bien au contraire.
La martingale à anneaux

La martingale à anneaux, beaucoup plus courante, est elle aussi composée de deux courroies, l'une faisant le tour de l'encolure, la seconde partant de la sangle et se séparant en deux, avec un anneau à chaque bout, qui se passe dans les rênes.

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La martingale à anneaux a un effet abaisseur, qui s'exerce indirectement sur la bouche du cheval. Les anneaux accrochés aux rênes vont, quand le cheval lève la tête plus haut que ce que souhaite son cavalier, se bloquer et entraîner une action vers le bas, via le mors. De cette façon, l'action du mors ne s'exerce plus sur la commissure des lèvres, mais sur les barres, ce qui est douloureux voir très douloureux pour le cheval, suivant la dureté de l'action.

http://il-etait-une-fois-eternite.cowblog.fr/images/sanstitre4383c406.jpgIllustration de l'effet de la martingale à anneaux

http://il-etait-une-fois-eternite.cowblog.fr/images/Defensemain3.jpgExemple de son effet sur un cheval qui se défend et fuit la main (image internet)

On entend souvent qu'elle permet de mieux maitriser un cheval qui embarque en levant la tête, voir qu'elle permet d'empêcher un cheval de se cabrer et de le placer comme il faut. Concernant le cabré, elle ne peut en aucun cas empêcher le cheval de se lever. Mais si le cheval en vient à se mettre debout, elle peut, comme les autres enrênements de ce type, le déséquilibrer et le faire tomber.

Dans le cas de la mise en main ou du cheval qui embarque en levant la tête et en creusant son dos, certes son effet abaisseur contraint le cheval à garder la tête plus basse. Sauf que, dans ce cas comme dans celui de la martingale fixe, l'action ne s'exerce que sur l'avant main, éventuellement donc, le cheval peut être "placé" devant sans aucun engagement à l'arrière, ce qui ne mène pas à un véritable travail de fond. Ici aussi, interdiction d'avoir le nez au vent pendant le travail, y compris quand cela s'avère nécessaire pour le cheval. Et l'interdiction s'exerce par une douleur au niveau des barres, qui peut être (très) vive pour un cheval se défendant fort ou chargeant à l'obstacle la tête en l'air par exemple. On rejoint donc le principe du "tu ne fais pas ce que je veux? Tu as mal". Et des chevaux qui se soumettent par douleur, et non qui viennent céder de bonne grâce, via une demande juste de leur cavalier. La est la différence entre contrainte et coopération, on ne le dira jamais assez.

Evidemment, si la martingale est lâche elle permet au cheval de lever la tête me dira-t-on. Mais dans ce cas, pourquoi en mettre une? Trop lâche, elle n'a aucun effet. Trop serrée, elle peut aussi amener le cheval à s'encapuchonner pour fuir son effet. Comme pour la martingale fixe, il est fréquent de voir chez les chevaux travaillés sans arrêt en martingale une encolure musclée à l'envers s'accompagnant d'un cheval qui continue à lever la tête et à creuser son dos, venant de la défense contre l'enrênement.
Cependant, et contrairement à la martingale fixe, lorsque les rênes sont longues, le cheval peut étendre son encolure ou relever la tête. Elle est donc moins sévère pour cela, mais aussi parce que le cheval pourra étendre son encolure tant qu'il le souhaite vers le bas y compris quand les rênes sont ajustées (dans la limite du raisonnable). Si elle est sévère dans son action lorsque le cheval va à son encontre, elle lui permet au moins de venir travailler vers le bas quand il le souhaite. 

Bien que certains chevaux répondent bien à cet enrênement et n'entrent pas en défense contre lui, il faut garder une chose à l'esprit. Monté, c'est au cavalier d'indiquer au cheval comment arriver à une descente d'encolure correcte. Gageant que le plus souvent, les défenses qu'est sensé empêcher la martingale sont dues à un traumatisme de la main du cavalier, ou simplement à une faute de main, prenons un exemple simple. Soit, votre main exerce accidentellement une action dure, vous faites mal à votre cheval (ce qui arrive à TOUT LE MONDE), il tente de vous faire comprendre que quelque chose ne va pas, en levant la tête pour fuir votre main, et en réponse il se prend un taquet dans les dents. Ou est l'écoute mutuelle ici? Evidemment, certains chevaux, très abimés par avant, auront ces reflexes de défense y compris rênes longues (c'était le cas d'Eternité à nos débuts), et ce traumatisme sera très difficile à effacer, cependant avec un long mais réel travail de fond, cela est possible. Idem pour un cheval qui charge à l'obstacle, la martingale ne le fera pas moins charger, elle et on voit fréquemment des chevaux la tête en l'air malgré la martingale à l'abord de l'obstacle, y compris dans les plus grandes compétitions mondiales d'ailleurs. En soi, cet enrênement n'a donc, lui non plus, aucun réel impact sur le travail du cheval dans le bon sens et peut provoquer des défenses plus ou moins violentes.

Je tiens à rappeler que cet article n'est en rien un blâme contre les gens utilisant cet enrênement. Bien que je sois personnellement contre, il n'est que le résultat d'une réflexion personnelle suite à mes expériences, mes lectures et ce que j'ai pu voir du travail du cheval. Il est la, uniquement et j'insiste sur ce point, pour partager cette réflexion et peut être vous permettre d'entamer ou de complémenter la votre. Et également pour que vous donniez votre avis sur le travail de mes petits neurones. Sur ce, je vous souhaite à tous une très bonne fin d'année, et que 2014 soit encore meilleure que 2013 ;) A la prochaine ^^



Mercredi 22 janvier 2014 à 10:45

Le dentiste...Chez les deux pattes, on ne l'aime pas trop généralement. Qu'en est-il pour nos chevaux? 
Je lis bien trop souvent "mon poney n'a jamais vu le dentiste, et il se porte très bien". Evidemment, poney ne va pas venir vous voir pour vous hennir à la figure qu'il a mal aux dents ou qu'il ressent le besoin profond de se faire râper les quenottes. Et les problèmes causés par une dentition non entretenue restent bien trop méconnus. Aujourd'hui donc, nous allons parler des conséquences de l'entretien (ou non) des dents de votre cheval. Bonne lecture ^^

La dentition.

Les poulains possèdent 24 dents temporaires, qui seront remplacées entre leurs 2 ans et demi et 5 ans par des dents définitives. A l'âge adulte, les chevaux mâles ont généralement 40 dents, le juments n'en possédant que 36. Cette différence s'explique par l'absence de crochets (ou canines) chez les juments. Ces 4 dents sont parfois présentes, auquel cas la jument est dite "bréhaigne", erreur de langage puisque bréhaigne signifie "stérile". Cette particularité serait due à un déséquilibre hormonal. Selon une vieille croyance, les juments bréhaignes seraient stériles. Cependant, des études en milieu naturel ont montré que ces juments sont, à l'état sauvage, les meneuses du troupeau. Les responsabilités engendrées par cette position sociale pousseraient les juments en question à refuser la saillie, le fait de ne pas avoir de poulain serait donc un choix. Nombreuses sont les juments brehaignes ayant eu des poulains, et celles ne possédant pas de crochets et n'en ayant jamais eu. Bien que les crochets soient appelés "dents des 5 ans", il peuvent sortir plus tard, voir rester sous la gencive (Eternité en a et ne les a jamais sorti alors qu'elle a 10 ans...). 

En dehors de ce cas particulier, les chevaux possèdent donc sur chaque mâchoire 6 incisives nommées pinces, mitoyennes et coins; 2 canines (mâles et jument bréhaignes), 6 prémolaires et 6 molaires à l'âge adulte. Lors des jeunes années du cheval, des prémolaires particulières peuvent sortir. On les appelle dent de loup quand elles se situent sur la mâchoire supérieure (maxillaire) et dent de cochon lorsqu'elle sont sur la mâchoire inférieure (mandibule). Ces dents, qui ne sont pas présentes chez tous les chevaux, doivent parfois être extraites pour éviter de causer des douleurs au cheval. Leur nombre peut aller de 1 à 4, portant donc possiblement le nombre total de dents à 44 ou 40.

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Pourquoi un dentiste équin?

Les chevaux sont de grands herbivores. A l'état sauvage, ils mâchent pendant une très grande partie de la journée (2/3) pour se nourrir suffisamment, leurs aliments de base étant peu nourrissants. Du fait de cette mastication importante et de l'abrasion sur les dents qu'elle provoque, l'évolution a conduit le cheval a posséder une dentition à croissance prolongée, dite hypsodonte. Une bonne partie de la couronne dentaire reste ainsi en réserve sous la gencive et sort progressivement pendant la vie du cheval. Ce n'est donc pas comme on l'entend souvent que les dents du cheval "poussent" toute leur vie, mais bien qu'elles "sortent" tout au long de la vie du cheval, ce phénomène se stoppe en fin de vie. La "pousse" de la dents va de 2 à 4mm par an, elle peut cependant être accélérée par certains compléments. Le sélénium en est un exemple. Cette pousse est normalement compensée par le frottement avec les aliments et surtout la dent antagoniste. 

Mais, dans le monde actuel, il est évident que nos chevaux n'usent pas leurs dents de la même façon qu'à l'état sauvage, et ce pour plusieurs raisons. Aliments plus meubles (y compris l'herbe de nos loulous au pré, oui oui) et concentrés, temps de mastications réduit en particulier pour les chevaux au boxe sont les deux principales raisons d'une usure moindre de la dent. Cette usure n'est pas assez importante pour compenser la pousse de la dent. Bon, ok, jusque la il est encore possible de se dire "ouais, poney il aura de trop grandes dents, et alors?"
Compte tenu du fait que nos amis à quatre jambes ne bénéficient pas d'orthodoncie et autres appareils visant à réparer les défaut de leur dentition, il est évident que l'usure par la dent antagoniste ne se fait pas toujours comme il faudrait. La mâchoire supérieure et la mâchoire inférieure ne se superposent pas parfaitement. Le maxillaire (mâchoire supérieure) est plus large d'environ 20% que la mandibule (mâchoire inférieure), l'usure ne se fait donc pas sur toute la largeur de la dent, ce qui entraine la formation de surdents, nous y reviendrons. Certaines dents peuvent aussi devenir "dominantes" et causer une usure trop importante de la dent antagoniste et des douleurs voir des lésions graves.

http://il-etait-une-fois-eternite.cowblog.fr/images/1.jpgComparaison entre une table entretenue et non entretenue. La largeur plus importante
de la mâchoire supérieure et ses conséquences sur la pousse de la dent sont bien visibles ici. 


Les pathologies:

Elles sont multiples et généralement classées selon les dents qui les provoquent. La liste dressé ici n'est pas exhaustive, j'essaierai cependant de décrire brièvement les pathologies les plus communes. Commençons par les molaires et la pathologie la plus connue, à savoir les surdents. Ce sont des crêtes d'émail formées par les défauts d'usure de la plaque dentaire due à la superposition imparfaite des deux mâchoires. Ces crêtes, si elles ne sont pas réduites régulièrement, vont blesser le cheval au niveau de la joue sur la mâchoire supérieure et au niveau de la langue sur la mâchoire inférieure. Les blessures engendrées par les surdents peuvent devenir extrememment douloureuses pour le cheval et entrainer des réactions violentes, notamment à la monte.
Il arrive chez certains chevaux que le maxillaire soit plus avancé que la mandibule ou inversement. Dans ce cas, l'avancement de l'une des mâchoire a pour conséquence la formation de rampes ou de pics (aussi appelé dominance) sur la première prémolaire ou la dernière molaire. De même que pour les surdents, s'ils ne sont pas réduits il peuvent entrainer des douleurs vives pour le cheval y compris au niveau de l'articulation temporo-mandibulaire (visible sur le premier schéma de l'article). En plus de ces douleurs, les rampes et les pics entrainent des problèmes lors de la mastication. Les mêmes conséquences seront rencontrées lorsqu'une dent pousse plus vite ou est plus dure que sa dent antagoniste. La dent en question sera alors appelée dominante ou marche. Ces dents doivent être réduites en plusieurs fois et progressivement sous peine de créer encore plus de problèmes. Chez certains chevaux dont la table dentaire n'a pas été entretenue on retrouve de nombreuses dominantes, qui forment une dentition en vague.
Autre pathologie pouvant avoir un effet au niveau de la mastication et de l'articulation temporo-mandibulaire: les crêtes transversales excessives. Ces crêtes, naturellement présentes et indispensables au boryage des aliments par les molaires, peuvent se développer de façon trop importante. Les conséquences sont notamment un blocage de la mastication latérale et de l'articulation temporo-mandibulaire.

De gauche à droite: blessures dues aux surdents, rampe, crête excessive, marche.

http://il-etait-une-fois-eternite.cowblog.fr/images/dents.jpg
Les pathologies dentaires au niveau des incisives sont pour la plupart dues à un mauvais placement des dents à la base. Les plus impressionnantes sont sans doute les becs de perroquet et de bouledogue. On retrouve également des incisives "en sourire" lorsqu'elles forment un arc vers le haut ou "en morue" quand l'arc formé va vers le bas. Certaines pathologies comme les caries (rares néanmoins chez le cheval), le tartre ou les diastèmes (trou entre deux dents formé par une dent déplacée, où la nourriture va s'accumuler et peur provoquer une infection plus ou moins grave) touchent les molaires et les incisives.

De gauche à droite: tartre sur une canine, diastème et caries. 

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Des anomalies comme des dents surnuméraires (dents en trop), appelée polyodontie ou des dents sous numéraires (en moins) appelée oligodonthie peuvent également affecter le cheval.  Toutes les pathologies listées ici peuvent se gérer voir être guéries par l'intervention régulière d'un dentiste équin. Mais, si le dentiste ne vient pas...Le schéma suivant montre l'engrenage qu'entraine l'absence d'entretien de la plaque dentaire du cheval. 

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Le schéma précédent montre bien les risques d'une dentition non entretenue. Mais alors, les chevaux sauvages, ils font comment? Réponse simple, les chevaux sauvages sont soumis à une sélection naturelle qui va éliminer très tôt les chevaux ne possédant pas une dentition excellente. Mais chez les chevaux domestiques, les conséquences des sélections se font sentir, y compris au niveau des dents. Trop de chevaux présentant des défauts dentaires transmissibles génétiquement ont été utilisés et on retrouve de ce fait bien plus de défauts de dentition chez nos chevaux. Oublié donc l'argument disant, les chevaux sauvages n'en ont pas besoin, le mien non plus. Une fois pour toute, nos chevaux, même si l'on cherche à s'en rapprocher, n'ont absolument pas le même mode de vie qu'un cheval sauvage :)

Evidemment, un cheval ne voyant pas le dentiste ne déclarera pas forcément de coliques, ou autre conséquences décrites dans ce schéma, mais en le privant de cette visite, vous augmentez grandement les risques. Et qu'il y ai conséquence grave ou non, les douleurs seront toujours la. Et il est difficile d'envisager qu'un cheval ou tout être vivant puisse être heureux lorsqu'il souffre au quotidien. De plus, les conséquences décrites ici vont elles mêmes provoquer des douleurs et des problèmes locomoteurs. J'en viens donc au point suivant, ces conséquences locomotrices faisant partie des signes devant vous alerter concernant l'état dentaire de votre cheval.

Quand faire venir le dentiste?

Plusieurs signes doivent vous faire réagir concernant le besoin de votre cheval de recevoir la visite du dentiste. Ces signes se manifestent aussi bien dans la vie de tous les jours que dans le travail. Voici donc quelques uns de ces signes:

  • Refus du mors
  • Défense aux actions de mains
  • Réactions violentes aux actions du mors
  • Refus du contact avec le mors, s’enferme ou au contraire garde la tête en l’air
  • Modification du comportement sous la selle
  • Secoue la tête
  • Tire, arrache les rênes
  • Tire ou se déporte d’un côté
  • Tord la tête systématiquement d’un côté
  • Tourne difficilement ou s’incurve mal
  • Ouvre excessivement la bouche lorsqu’on le bride
  • Maigrit anormalement
  • A une haleine nauséabonde
  • Présente un gonflement des mâchoires, des muqueuses ou gencives
  • Fait des coliques à répétition
  • Présente un jetage nasal unilatéral
  • Perd de l’état
  • Mâche anormalement lentement ou ne termine pas sa ration
  • Laisse tomber des aliments de sa bouche
  • Boude certains aliments durs : carottes, pain ou refuse de s’alimenter
  • Penche la tête sur le côté pour mastiquer en évitant le contact sur certaines parties de la bouche
  • Fait magasin : formation d’une chique par accumulation d’aliments (généralement de l’herbe ou du foin) dans la joue afin de se faire un « pansement »

Voila voila, un grand merci à ceux qui auront eu le courage de lire cet article jusqu'au bout. Comme toujours, cet article ne vise qu'à vous faire partager mes lectures et réflexions personnelles, toutes les remarques le concernant sont les bienvenues. J'espère que si certains de ceux qui ont lu cet article considéraient le dentiste comme superflu, ce n'est plus le cas. Pour finir, j'aimerais rappeler que la visite d'un dentiste une fois l'an coute en général dans les 60 euros (évidemment certains sont plus chers, mais ca ne dépasse pas les 80 à ma connaissance), soit bien moins que le prix que l'on met (pour la plupart d'entre nous) annuellement dans nos tapis et autres équipements pas forcément essentiels. Encore une fois, votre cheval préfère-t'il un beau tapis, ou une dentition lui permettant de vivre bien dans ses sabots?

Je vous laisse la dessus, a la prochaine :)

 







Vendredi 7 février 2014 à 12:43

Parler des mors, des enrênements, de tous ces équipements mis à notre disposition, c'est essentiel. Parler des soins, du cheval pied nu ou ferré, du cheval en boxe ou du cheval au pré, du cheval qui voit le dentiste et l'ostéo ou de celui qui ne les voit pas, c'est essentiel. Mais aujourd'hui, on va parler du fond. Du moins, de ce que je crois être le fond de la relation de tout Homme avec un équidé, quel qu'il soit. Alors aujourd'hui, je vous parle à vous, cavaliers de club, cavaliers propriétaires, cavaliers à pied ou à cheval, passionnés de chevaux ou d'équitation. Et j'espère que peut être, ces quelques lignes feront naître chez vous quelques questions. 

La conscience, c'est d'après le dictionnaire, la perception de notre propre existence et du monde qui nous entoure. Aujourd'hui, on ne va parler que de conscience équestre. De la perception de cet être que nous avons la chance de cotoyer: le cheval. 
Aujourd'hui, il est tellement naturel pour l'Homme de voir des chevaux travailler avec et pour lui que nous en oublions que cet animal n'a jamais demandé à cohabiter avec nous. C'est nous, humains, qui avons choisit de les capturer, de les dresser. Et ce choix a entrainé autant de bonnes que de mauvaises choses. Aujourd'hui, lorsque je regarde les cavaliers de demain, les personnes et notions qu'ils admirent, je m'inquiète. Parce que bien sur, tout le monde fait des erreurs. Nous, nos chevaux. Surtout nous, tout de même. Et trop de gens se cachent de ces erreurs. 

La cohabitation entre l'Homme et le cheval peut aboutir à une réelle osmose, un plaisir mutuel ou chacun sait écouter et subvenir aux besoins de l'autre. Ce n'est jamais tout rose, parce que nous sommes humains, qu'ils sont chevaux et que deux être vivants ne peuvent pas être d'accord à chaque instant. La question qu'il est à mes yeux indispensable de se poser, c'est que faisons nous lorsque le cheval n'est pas d'accord? Nos réactions sont-elles justes? Ou se trouve le juste milieu entre fermeté et soumission? 

Parce que danser avec un animal de 500kg ne se fait pas sans risque, alors de la fermeté, il en faut. Il en faut pour lui apprendre que vous êtes un petit bipède fragile qu'il ne pourra bousculer comme il le fait avec ses congénères. Pour lui apprendre que pour vous demander des gratouilles, il lui suffira d'un petit frottement de nez et que vous mordillez même gentiment n'est pas nécessaire parce que vous avez une feuille de papier à cigarette en guise de peau. Qu'il devra faire attention à vous, parce qu'il pourrait vous tuer, sans le vouloir. Mais en dehors de ces cas vous mettant en danger l'un comme l'autre, pourquoi est que l'on entend encore partout "ne te laisse pas faire, c'est toi qui commande et lui il obéit bon dieu!"

Pourquoi? Pourquoi le cheval qui ne veut pas tourner est forcément une bourrique qui se fout de vous? Pourquoi le cheval qui ne veut pas galoper est forcément une morue qui paresse? Pourquoi le cheval qui refuse votre mors est-il un chieur qui ne veut pas travailler? Pourquoi le cheval qui se colle la tête en l'air se retrouve dans 99% des cas avec un mors ou un enrênement qui va lui faire passer sa sale manie? Parmi nous, cavaliers, combien se demandent s'il n'a pas mal, s'il n'essaie pas de nous dire quelque chose? Non, c'est l'Homme qui commande, et le cheval, il obéit. 

Qui parmi nous n'a jamais entendu "c'est toujours de la faute du cavalier, jamais de celle du cheval...Mais bon, colle lui un bon coup de talon quand même, il a pas à faire ca"...? Et combien, une fois propriétaire, continuent à punir leur cheval pour leurs propres fautes sans jamais se poser la question "Et si j'avais fait autrement?"
Certains diront que leur cheval est une carne vicieuse, je vous dirai que c'est ce que l'Homme en a fait, non ce qu'il est. Un cheval n'a pas de vice en lui. On le créé, à force de mésententes, de punitions injustifiées, d'incompréhensions. Je lisais encore la dernière fois qu'un cheval avait fait tomber sa cavalière, qu'elle était descendue et lui avait mis une bonne branlée à la cravache pour le punir, et qu'après il était nickel. Et vous, cavaliers qui comme elle disent aimer les chevaux plus que tout, vous trouviez ca normal. Evidemment, si le cheval a fait l'andouille, c'est parce qu'il est chiant et ne voulait pas travailler. Suis-je la seule à m'indigner devant ce genre de comportement? Si vous cherchiez à penser un peu cheval pour le comprendre, peut être vous seriez vous dit qu'une douleur était peut être à l'origine de ce comportement? Que peut être, simplement, ce cheval essayait de dire à sa cavalière qu'il avait besoin d'aide, qu'il a mal. Pour cela, il s'est pris une branlée. Dites moi, combien parmi vous oserez recommencer de tenter d'expliquer quelque chose à vos parents si au moindre signe de mauvaise volonté on vous collait une baffe? Et vous vous étonnez que le cheval se tiennent tranquille après ca? 

Bien évidemment, je ne prône pas l'équinours, qui ne hausse jamais la voix sur son cheval et qui se fait marcher dessus toutes les trois minutes. Non, je vous parle de tenter de penser cheval tout en agissant humain. Oui, dit comme ca, c'est peut être étrange, mais c'est ce qu'il faut. Votre cheval doit agir avec vous d'une certaine façon parce que vous êtes un humain. Et vous, de votre coté, vous devez penser suffisamment cheval pour comprendre ses réactions. Vous devez comprendre que quelque chose qui vous paraît anodin peut être effrayant pour lui. Combien d'entre vous en concours lors d'un refus prennent le temps de se demander pourquoi? Une faute de main? Une mauvaise trajectoire? Quelqu'un qui ouvre un parapluie dans le public? Qui caresse son cheval une fois reparti ou l'obstacle franchi pour le remercier? Parce que souvenez vous que tout grand cavalier que vous êtes, s'il n'avait pas la gentillesse de vous porter et d'accepter vos erreurs, vous auriez bien du mal à sauter 13 obstacles tout seul. 

Je ne cherche à blâmer personne dans les lignes que vous venez de lire. Comme vos chevaux, pour la plupart vous êtes ce qu'on a fait de vous. Et je sais combien il est difficile et blessant de devoir remettre en cause tout ce qu'on a apprit. J'ai certainement été à une époque bien pire que certains d'entre vous. En club, j'ai monté en pelham, en goyo, et ces mors étaient utilisés dans le seul but de mater les chevaux "récalcitrants". J'ai monté en rênes allemandes, sans tenir les rênes de filet. J'ai fait tout ca parce que des pros me disaient que l'équitation, c'était ca. Et je crois que si mon amour pour les chevaux ne m'avait pas poussée à quitter ce monde la pour sauter dans le vide en entamant ma plus belle histoire, celle d'Eternité, je serai encore comme ca. Je me souviens de m'être fait engueulée sur mes tours parce que je parlais à mon cheval au lieu de lui mettre des coups de talons, je me souviens d'avoir été la cible de moqueries quand j'ai voulu tenter un travail à pied autre qu'une séance de longe réglée comme une horloge et ne tenant pas compte du cheval qui était au bout de la ficelle. Et je n'ai pas oublié non plus par quoi il a fallu que je passe pour sortir de tout ca, ni les remords qui ne m'ont jamais quitté après avoir découvert ce que j'avais fait à ces chevaux. Ces chevaux de club, qui malgré ce qu'on avait fait d'eux, ont fait de moi ce que je suis, et m'ont conduit à devenir, je l'espère, une cavalière respectueuse et consciente de la chance qu'elle a de partager le quotidien d'un être aussi fabuleux.

Alors à vous, cavaliers de club. Même si aujourd'hui ce n'est pas vous qui tenez les ficelles, même si vous ne pouvez pas grand chose pour ces chevaux que vous aimez, gardez à l'esprit qu'un jour, les questions et la réflexion que vous avez peut être aujourd'hui vous éviteront de faire les erreurs que j'ai moi même commises lorsque ce sera votre tour de choisir comment travailler VOTRE cheval.
Pour ceux qui ont déjà la chance d'avoir leur équidé, j'espère, si ce n'était pas déjà le cas, que vous réaliserez votre chance et que, peut être, la prochaine fois que votre cheval ne répondra pas correctement à votre demande, vous vous direz d'abord que c'est vous qui avez mal demandé, et non lui qui ne veut pas vous écouter. Sur ce, à la prochaine ^^

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