Il-etait-une-fois-Eternite

Journal d'une petite PS et de sacavalière

Samedi 21 décembre 2013 à 22:07

Aujourd'hui, j'ai quelques minutes, voire beaucoup, pour essayer de pondre un article sur un sujet qui me turlupine. Oui oui, on va parler d'enrênements. Ce n'est pas la première ni la dernière fois que je blablaterai la dessus, et pour le coup, on va commencer par un véritable fléau à mes yeux: les rênes allemandes. 

On les voit partout, du cheval qu'on veut maitriser parce que trop chaud, au cheval qu'on veut placer parce qu'il se creuse le dos, aux cavaliers stupides (pardonnez moi le mot, je n'en vois pas d'autres) qui se soucient peu du fond mais beaucoup des apparences et collent des RAs à dadou d'amour pour qu'il ait l'air de travailler comme il faut. Et je dis bien "qu'il ait l'air", parce que cet enrênement ne fait en AUCUN CAS travailler le cheval dans le bon sens. Mais avant d'en venir aux conclusions, comment fonctionnent réellement les RAs? Quels sont leur mécanique et leurs effets?

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Les RAs ont un effet abaisseur. Cet effet s'exerce sur les barres, zones très sensibles chez le cheval, en décuplant l'action de la main du cavalier à cet endroit. Par conséquent, une main même légère en devient dure. L'action même de l'enrênement est douloureuse, et le cheval vient céder non par décontraction, mais par douleur. Premier point qui devrait faire réfléchir, on n'obtient rien de bon dans la contrainte, mais dans la coopération. Sur le schéma, la flèche montre le sens d'action de l'enrênement. Les RAs sont utilisées parfois pour faire comprendre au cheval comment venir se tendre (oui oui). Or il suffit de réfléchir au sens de l'action pour comprendre que le cheval ne peut venir se tendre avec des rênes allemandes. 
Un cheval qui se tend vers l'avant fait travailler son dos, qui au passage ne se muscle pas. Il se tend, et en se tendant, travaille sans contraction douloureuse et permet au cheval de venir chercher l'engagement sous sa masse et la fameuse descente d'encolure si recherchée par nombre de cavalier. Mais revenons à l'action des RAs. Lorsque le cavalier actionne l'enrênement, même légérement, le cheval craignant la douleur va descendre oui, mais pas vers l'avant. L'action s'exerce entièrement vers l'arrière, en ramenant le chanfrein vers le poitrail. Le résultat est un cheval avec un chanfrein en dessous de la verticale, la nuque n'étant plus le point le plus haut de l'encolure, les deuxième et troisième cervicale présentant une cassure typique due à l'inclinaison forcée de la nuque. 

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Cassure au niveau des cervicales bien visible (image internet)

Cette action ramenant le cheval vers l'arrière le fait plonger devant, le mettant en plus sur les épaules. Oublié donc le cheval posé sur ses hanches travaillant en équilibre avec les postérieurs venant chercher l'engagement sous la masse et bonjour poney à bascule, qui trébuche et compense comme il peut ce déséquilibre provoqué par son cavalier. Le dos se contracte, voir se surcontracte, créant des contractions douloureuses et empêchant l'arrière main de se mouvoir comme il faut. C'est de ce fait que l'on observe bien souvent chez les chevaux travaillés régulièrement en RAs une altération des allures, particulièrement flagrante au trot ou la diagonalisation de l'allure est impossible.

Sur le long terme donc, et même utilisées lâches comme certains s'en vantent, les RAs, du fait de leur conception et de leur action, ne peuvent permettre un travail vers l'avant, dans le bon sens et bénéfique pour le cheval. Cette idée trop répandue selon laquelle cet enrênement n'est pas à mettre entre toutes les mains lui  procure une sorte de "prestige", le cavalier étant fier de pouvoir les utiliser et pensant que cela lui confère un niveau élevé, a fait des RAs l'un des fléaux de l'équitation d'aujourd'hui. On ne se préoccupe pas de la locomotion, du fonctionnement du cheval, mais uniquement de l'apparente "belle attitude" du cheval "placé" trop souvent confondu avec le cheval encapuchonné.

Alors, pour vos chevaux, et pour vous même qui devrez rattraper les dégâts par la suite, réfléchissez avant de bosser vos chevaux avec ce genre de ficelles. Analysez ce que cet enrênement fait à votre cheval. Cet article ne prétend en rien être bon, il est simplement une petite synthèse de ce que j'ai appris sur ce sujet, en lisant notamment des livres sur la biomécanique du cheval et l'effet des enrênements lorsque j'ai du trouver des solutions pour travailler ma jument. Sur ce, à la prochaine :)

 

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